Le Centre d'Information sur l'Environnement et d'Action pour la Santé ( CIEAS) interpelle l'ANSES, suite au refus de Monsanto de venir s'expliquer en France.
Pour le CIEAS, il y a deux poids, deux mesures. En effet, l'ANSES demande que soit refaite l'étude Séralini qui vient de démontrer sur deux ans, la nocivité d'un maïs OGM, alors que cette agence s'est contentée d'études de 3 mois pour autoriser cet OGM.Monsanto que l'on trouve donc dans nos assiettes.
Nous reproduisons ici ce courrier, qui résume bien la situation délétère dans laquelle on se trouve :
A monsieur
Mortureux, directeur de l’ANSES
Monsieur,
N’ayant pu assister à la « restitution » que vous
aviez organisée pour les associations, nous venons de visionner la séance du 7
novembre 2012 à l’Assemblée Nationale, durant laquelle vous avez exposé l’avis
de l’ANSES sur l’étude Seralini « OGM et Roundup ».
Outre le fait que l’étude du professeur Seralini, (qui
travaille, depuis des années, sur les pesticides perturbateurs endocriniens et
leurs métabolites), ait été qualifiée d’« originale sans être
probante », nous avons eu la surprise de constater que seules deux
études de longue durée « comparables » avaient été retenues par vos
services : deux études sur des sojas GM ... aux conclusions favorables aux
OGM.
Nous tenons donc à porter à votre connaissance, une étude
qui, à notre avis, aurait dû figurer
dans la liste retenue par votre équipe. Il s’agit d’une étude qui a
duré 10 ans (pas de problème de statistique dans ce cas), sous les
auspices du CSIRO, le plus grand organisme de recherche publique australien,
très pro-OM. Cette étude visait à
démontrer l’innocuité d’un pois GM, dans lequel on avait introduit un seul
gène : celui d’un haricot résistant à l’insecte Bruchus Pisorum (étude
publiée dans le Journal of Agricultural and Food Chemistry, et mentionnée dans
le Courrier de l'Environnement de l'INRA de septembre 2007).
En novembre 2005, après 10 ans de recherche, l’étude a
dû être interrompue : à chaque essai, les cobayes nourris avec ces pois GM
présentaient une réponse immunitaire : augmentation des anticorps dans le
sérum sanguin, suivie d’un état inflammatoire pulmonaire, problèmes dus à la
modification des protéines. Cet état inflammatoire (pouvant effectivement
dégénérer en cancer, mais aussi entraîner bien d’autres maladies dégénératives)
est le problème de fond de tout OGM : il n’y a PAS « D’ EQUIVALENCE EN
SUBSTANCE » entre une plante et une chimère génétique, de quelque manière
qu’on l’obtienne.
Nous avons été très surpris de la sévérité de l’ANSES envers
l’étude Seralini, alors que Monsanto se rit de vos convocations, et s’appuie
sur ses études non expertisées pour faire avaler ses produits aux français.
Voulez-vous vraiment que nos enfants soient condamnés à prendre des médicaments
à vie, pour pouvoir supporter une nourriture à laquelle leur système
immunitaire n’est pas adapté ?
Nous avons été bouleversés de vous entendre réclamer d’autres
études longues (qui coûteraient à l’État français 25 millions d’euros par
OGM). La France a-t-elle le temps et les moyens de tester chaque nouvelle
excentricité commerciale à ce prix ? Où est l’urgence ? Où est la
NÉCESSITÉ ?
Quand une firme ne daigne pas être auditionnée par vos
services, pourquoi ne réagissez-vous pas immédiatement en disant « En France,
pas de données, pas de marché » ? Et si les firmes veulent continuer
à vous duper grâce à cette opacité, pourquoi ne préconisez-vous pas sur le
champs le retrait des OGM de l’alimentation humaine et animale et le retrait
des pesticides non testés dans la globalité de leur formule ?
Nous avons la chance d’être français et de pouvoir nous
appuyer sur le Principe de Précaution qui a valeur constitutionnelle. Il faut se servir de cet atout ! Vous
êtes garant, vous êtes responsable. En
France, c’est vous qu’on écoute.
Qu’attendez-vous ? Est-ce le moment d’être lent et
dispendieux alors qu’en face, on agit à toute vitesse pour vous couper
l’herbe sous le pied ? Voyez la riposte immédiate de l’EFSA à votre demande
« d’études plus poussées au cas par cas ». Phagocytée par les
lobbies, l’EFSA est en train d’ériger le principe d’ « équivalence
en substance » en vérité première, globalisant tous les OGM. Il
vous faut riposter sans tarder !
Idem pour les nanotechnologies : vous ne pouvez pas
ignorer qu’une obligation de déclaration
à « 50 % de nanoparticules
mesurées entre 1 et 100 nm » est une mascarade. Quel battage pour
rien ! Aucun produit ne sera concerné. Une feuille de papier aluminium
recouverte de nanoparticules « de glisse » , « juste en
surface », ne sera pas concernée, alors même qu’il y a contact
alimentaire. Où est l’urgence à fabriquer de tels produits ? Quel
Français veut risquer sa santé pour
éviter que la mayonnaise de son
sandwich reste sur l’alu ? Un
pansement doit-il être obligatoirement imprégné de nanoparticules d’argent ?
Une avancée réelle aurait été d’exiger que tout industriel qui emploie des
nanotechnologies déclare tous les produits qu'il utilise et les mentionne
intégralement sur l’étiquette, afin de pouvoir identifier les problèmes quand
ils se poseront.
A présent, devant cette mauvaise volonté des industriels et
le flou scientifique concernant cette technologie, le manque d’instruments de
mesure et de méthodologie, il n’y aurait rien d’aberrant à refuser cette
technique sur le territoire français jusqu’à plus ample informé. On ne peut pas
se permettre de n’avoir aucune traçabilité sur des substances composées à 45 %
de particules de 95 nm, ou bien à 55 % de particules de 105 nm., certains
effets toxiques étant documentés à 600 nm et plus.
Là encore donc, pas de pusillanimité : « Pas de
données ? Pas de marché ». Les impératifs de sécurité sanitaire
doivent conduire à ce que tout produit en recelant et non déclaré comme tel,
trouvé en France, fasse l’objet d’une saisie. Les consommateurs qui achètent un
produit sur internet devront obtenir un certificat « non
nano »..
L’ANSES doit absolument penser BÉNÉFICE / RISQUE. Il faut être
ferme. Ces technologies n’ont rien d’indispensable. Elles sont lancées dans la précipitation et
présentent trop de risques potentiels pour la santé et l’environnement, sur une
trop grande échelle et surtout, surtout, le consommateur ne peut pas y
échapper. Ces risques sont encore décuplés par leur irréversibilité. Vous devez
mesurer votre responsabilité.
Les Etats-Unis se lancent tête baissée dans ce genre de
buizeness lucratif à court terme ? Cessons de craindre l’effondrement économique
de la France si nous ne faisons pas les mêmes erreurs qu’eux ! Au
contraire, notre pays doit avoir la finesse et l'intelligence de prendre le
contre-pied, et de faire de son choix un atout économique majeur. Devenons le pays des
« Produits-Santé », préservés de la technoscience au service des lobbies. Mettons tout le
poids de notre « Recherche –Développement » pour trouver des solutions saines.
Nous demandons donc à l’Agence que vous
dirigez d’avoir du courage :
- le courage de
s’opposer aux lobbies
- le courage de se
baser sur le Principe de Précaution pour émettre ses avis
- le courage de dire
« En France, Pas de données, Pas de marché »
- le courage de
préconiser des axes de recherche-développement qui vont dans le sens des
demandes des Français au sujet de leur santé et de la préservation de leur
environnement.
En considération des graves enjeux de santé publique, il en
va de la crédibilité et de la responsabilité de l'ANSES.
Bien cordialement,
Aline Read, directrice CIEAS