mercredi 27 août 2008

A propos du "feuilleton sans fin des OGM"

En détruisant systématiquement les parcelles OGM, les anti-OGM ne font pas avancer leur cause, mais ils font avancer l’idée qu’on ne peut pas faire confiance à l’Etat et que la violence est légitime. Mais la violence n’est pas et n’a jamais été un argument.
L'édito de Paul Loubière dans Challenges est parfait. Parfait parce qu'il montre bien le point de vue de la majorité des citoyens qui ne demandent qu'à faire confiance à l'Etat pour gérer les affaires courantes et aussi (un peu) leur avenir. La violence n'est pas une solution certes, mais il n'y a pas de théoriciens révolutionnaires ou anarchistes dans les anti-OGM. La volence intervient comme un dernier recours et malheureusement quand la démocratie ne fonctionne plus, c'est à dire quand des intérêts privés peuvent profiter de ses failles pour imposer leurs vues à la majorité. Et ce n'est même pas que la violence est une arme, elle n'est malheureusement qu'une réaction à un rapport de force déséquilibré. Aujourd'hui on a l'impression que ce sont quelques électrons libres qui s'amusent à recourir à la violence (contre quelques plans de maïs sans papiers) mais demain, si le rapport de force confirme et alourdit la position dominante des vendeurs de semences transgénique aux résultats mirobolants, la violence risque de ne plus se présenter avec la figure bonhomme de José Bové
Bref, à la violence de Monsanto, il ne faut pas répondre par la violence mais par des arguments scientifiques.
Et qui va financer ces recherches indépendantes contredisant les études biaisées de Monsanto ? Ne jouons pas sur les mots : la violence des faucheurs de maïs est réelle parce que la loi est du côté de Monsanto (ou autre), la violence de Monsanto est économique (puis politique via le lobbying), donc pleinement légale. D'où le rapport de force qui oblige à se mettre hors la loi si l'on ne veut pas se sentir impuissant.
La question reste, pour les gentils citoyens respectueux des lois et de leurs dirigeants, de savoir comment répondre à de grandes multinationales qui avancent leurs pions un par un, communiquent autour de la faim dans le monde pour mettre en scène leur solution miracle et réclament des tests en plein champ qui rendront cette solution inéluctable par le simple jeu de la dissémination des pollens.

Au passage on ne saurait trop sursauter à cette description de Paul Loubière :
[...]une multinationale motivée par l’appât du gain, la recherche du profit et qui ne cache pas sa volonté de conquérir des marchés par tous les moyens à sa disposition, bref, une entreprise comme les autres.
Si on va dans ce genre de fatalisme un citoyen comme les autres vote puis se tait et se contente d'attendre le déluge en maillot de bain et avec un tuba.

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