lundi 21 janvier 2013

Lettre à l'ANSES, l'Agence française pour la Sécurité Sanitaire


Le Centre d'Information sur l'Environnement et d'Action pour la Santé ( CIEAS) interpelle l'ANSES, suite au refus de Monsanto de venir s'expliquer en France.

Pour  le CIEAS, il y a deux poids, deux mesures. En effet, l'ANSES demande que soit refaite l'étude Séralini qui  vient de démontrer sur deux ans, la nocivité d'un maïs OGM, alors que cette agence s'est contentée d'études de 3 mois pour autoriser cet OGM.Monsanto que l'on trouve donc dans nos assiettes.

Nous reproduisons ici ce courrier, qui résume bien la situation délétère dans laquelle on se trouve :





A monsieur Mortureux, directeur de l’ANSES

Monsieur,


N’ayant pu assister à la « restitution » que vous aviez organisée pour les associations, nous venons de visionner la séance du 7 novembre 2012 à l’Assemblée Nationale, durant laquelle vous avez exposé l’avis de l’ANSES sur l’étude Seralini « OGM et Roundup ».

Outre le fait que l’étude du professeur Seralini, (qui travaille, depuis des années, sur les pesticides perturbateurs endocriniens et leurs métabolites), ait été qualifiée d’« originale sans être  probante », nous avons eu la surprise de constater que seules deux études de longue durée « comparables » avaient été retenues par vos services : deux études sur des sojas GM ... aux conclusions favorables aux OGM.

Nous tenons donc à porter à votre connaissance, une étude qui, à notre avis,  aurait dû figurer dans la liste retenue par votre équipe. Il s’agit d’une étude qui a duré 10 ans (pas de problème de statistique dans ce cas), sous les auspices du CSIRO, le plus grand organisme de recherche publique australien, très pro-OM.  Cette étude visait à démontrer l’innocuité d’un pois GM, dans lequel on avait introduit un seul gène : celui d’un haricot résistant à l’insecte Bruchus Pisorum (étude publiée dans le Journal of Agricultural and Food Chemistry, et mentionnée dans le Courrier de l'Environnement de l'INRA de septembre 2007).

En novembre 2005, après 10 ans de recherche, l’étude a dû être interrompue : à chaque essai, les cobayes nourris avec ces pois GM présentaient une réponse immunitaire : augmentation des anticorps dans le sérum sanguin, suivie d’un état inflammatoire pulmonaire, problèmes dus à la modification des protéines. Cet état inflammatoire (pouvant effectivement dégénérer en cancer, mais aussi entraîner bien d’autres maladies dégénératives) est le problème de fond de tout OGM : il n’y a PAS  « D’ EQUIVALENCE  EN SUBSTANCE » entre une plante et une chimère génétique, de quelque manière qu’on l’obtienne.

Nous avons été très surpris de la sévérité de l’ANSES envers l’étude Seralini, alors que Monsanto se rit de vos convocations, et s’appuie sur ses études non expertisées pour faire avaler ses produits aux français. Voulez-vous vraiment que nos enfants soient condamnés à prendre des médicaments à vie, pour pouvoir supporter une nourriture à laquelle leur système immunitaire n’est pas adapté ?

Nous avons été bouleversés de vous entendre réclamer d’autres études longues (qui coûteraient à l’État français 25 millions d’euros par OGM). La France a-t-elle le temps et les moyens de tester chaque nouvelle excentricité commerciale à ce prix ? Où est l’urgence ? Où est la NÉCESSITÉ ?

Quand une firme ne daigne pas être auditionnée par vos services, pourquoi ne réagissez-vous pas immédiatement en disant « En France, pas de données, pas de marché » ? Et si les firmes veulent continuer à vous duper grâce à cette opacité, pourquoi ne préconisez-vous pas sur le champs le retrait des OGM de l’alimentation humaine et animale et le retrait des pesticides non testés dans la globalité de leur formule ?

Nous avons la chance d’être français et de pouvoir nous appuyer sur le Principe de Précaution qui a valeur  constitutionnelle. Il faut se servir de cet atout ! Vous êtes garant, vous êtes responsable.  En France, c’est vous qu’on écoute.

Qu’attendez-vous ? Est-ce le moment d’être lent et dispendieux alors qu’en face, on agit à toute vitesse pour vous couper l’herbe sous le pied ? Voyez la riposte immédiate de l’EFSA à votre demande « d’études plus poussées au cas par cas ». Phagocytée par les lobbies, l’EFSA est en train d’ériger le principe  d’ « équivalence en substance » en vérité première, globalisant tous les OGM. Il vous faut riposter sans tarder !

Idem pour les nanotechnologies : vous ne pouvez pas ignorer qu’une obligation de déclaration  à  « 50 % de nanoparticules mesurées entre 1 et 100 nm » est une mascarade. Quel battage pour rien ! Aucun produit ne sera concerné. Une feuille de papier aluminium recouverte de nanoparticules « de glisse » , « juste en surface », ne sera pas concernée, alors même qu’il y a contact alimentaire. Où est l’urgence à fabriquer de tels produits ? Quel Français veut risquer sa santé  pour éviter que  la mayonnaise de son sandwich  reste sur l’alu ? Un pansement doit-il être obligatoirement imprégné de nanoparticules d’argent ? Une avancée réelle aurait été d’exiger que tout industriel qui emploie des nanotechnologies déclare tous les produits qu'il utilise et les mentionne intégralement sur l’étiquette, afin de pouvoir identifier les problèmes quand ils se poseront.

A présent, devant cette mauvaise volonté des industriels et le flou scientifique concernant cette technologie, le manque d’instruments de mesure et de méthodologie, il n’y aurait rien d’aberrant à refuser cette technique sur le territoire français jusqu’à plus ample informé. On ne peut pas se permettre de n’avoir aucune traçabilité sur des substances composées à 45 % de particules de 95 nm, ou bien à 55 % de particules de 105 nm., certains effets toxiques étant documentés à 600 nm et plus.

Là encore donc, pas de pusillanimité : « Pas de données ? Pas de marché ». Les impératifs de sécurité sanitaire doivent conduire à ce que tout produit en recelant et non déclaré comme tel, trouvé en France, fasse l’objet d’une saisie. Les consommateurs qui achètent un produit sur internet devront obtenir un certificat « non nano ».. 

L’ANSES doit absolument penser BÉNÉFICE / RISQUE. Il faut être ferme. Ces technologies n’ont rien d’indispensable. Elles  sont lancées dans la précipitation et présentent trop de risques potentiels pour la santé et l’environnement, sur une trop grande échelle et surtout, surtout, le consommateur ne peut pas y échapper. Ces risques sont encore décuplés par leur irréversibilité. Vous devez mesurer votre responsabilité.

Les Etats-Unis se lancent tête baissée dans ce genre de buizeness lucratif à court terme ? Cessons de craindre l’effondrement économique de la France si nous ne faisons pas les mêmes erreurs qu’eux ! Au contraire, notre pays doit avoir la finesse et l'intelligence de prendre le contre-pied,  et de faire de son choix un atout économique majeur.  Devenons le pays des « Produits-Santé », préservés de la technoscience  au service des lobbies. Mettons tout le poids de notre « Recherche –Développement »  pour trouver des solutions saines.

Nous demandons donc à l’Agence que vous dirigez d’avoir du courage :                                                               

-  le courage de s’opposer aux lobbies
-  le courage de se baser sur le Principe de Précaution pour émettre ses avis
-  le courage de dire « En France, Pas de données, Pas de marché »
-  le courage de préconiser des axes de recherche-développement qui vont dans le sens des demandes des Français au sujet de leur santé et de la préservation de leur environnement.


En considération des graves enjeux de santé publique, il en va de la crédibilité et de la responsabilité de l'ANSES.

Bien cordialement,

Aline Read, directrice  CIEAS

mardi 9 octobre 2012

TOUS COBAYES ? Le film de Jean-Paul Jaud

Vous vous posez des questions sur l'innocuité des OGM et des pesticides qui vont avec ?  "Tous Cobayes ?", le film de Jean-Paul Jaud témoigne de la plus grande étude toxicologique réalisée sur le sujet par un français, le professeur Gilles-Eric Séralini.

C'est un vrai film de cinéaste, les images sont belles, la bande-son prenante.  Profond, émouvant et parfois drôle, le film est une bombe pour les multinationales.  On ne s'ennuie pas une seconde, et si vous lisez ou entendez le contraire dans les médias, regardez bien qui sont les annonceurs du média en question.

Courrez le voir. On en ressort touché, et avec une question : qu'est-ce que je peux faire, à mon niveau ? Si vous avez la chance d'assister au débat avec l'auteur après la projection, vous ressortirez avec des solutions, comme préférer le Sans-plomb 98 pour votre voiture. En effet,  le Sans-plomb 95 renferme des "agro-carburants". Ces cultures, présentées parfois comme "bio"carburants, remplacent les cultures vivrières et polluent les nappes phréatiques : on les asperge d'énormes quantités d'engrais et de pesticides puisqu'elles ne sont pas destinées à l'alimentation...




mercredi 30 mai 2012

A l’occasion de la réunion des Ministres Européens de l’Environnement, le 11 juin 2012, aidons notre Ministre de l’Ecologie à refuser que la France plante et consomme des OGM.


Vous pouvez envoyer ce texte à :

Madame Nicole Bricq

Ministre de l’Ecologie

Grande Arche. Tour Pascal A et B

92055 La Défense Cedex


Europe sans OGM / Urgence / Santé Publique

Madame la Ministre,


France et Europe sans OGM / Urgence / Santé Publique                            

La vision de la biologie, qui a prévalu pour le lancement de plantes ou d’animaux modifiés (par transgénèse ou d’autres biotechnologies), est obsolète. L’équivalence en substance n’existe pas. Quelle que soit la biotechnologie utilisée, les protéines de la plante sont modifiées : et nous avons à présent la preuve que les ARN micro de notre nourriture (même cuite), interfèrent avec notre propre fonctionnement génétique. C’est un équilibre fragile : nos organismes se sont adaptés très lentement à consommer les plantes (et les animaux) avec lesquels nous cohabitons depuis des millénaires.


Nos corps ont déjà du mal à supporter les substances chimiques aux effets non évalués, utilisées dans tous les domaines depuis 50 ans (pour la plupart, des perturbateurs endocriniens). Où est l’urgence à nous imposer des dérèglements supplémentaires ?  Le rendement ? La planète peut nourrir le monde entier (il suffit de taxer la spéculation sur les matières premières agricoles). 


Les citoyens d’ Europe réclament des techniques agricoles respectueuses de leur vie.

En conséquence, je demande le retrait total de France et d’Europe :


·        de toutes les autorisations de commercialisations d’OGM déjà données,
·        De toute culture d'OGM en plein air, même à titre d'essais.
·        De tout produit (brut ou de transformation, européen ou d'importation) qui contient  déjà des OGM, et de toute nourriture provenant d'un animal en ayant consommé.

En outre, afin d’éviter que lobbies et mafias ne s'approprient graines et plantes, je demande à ce que les semences paysannes traditionnelles (pour l'instant compatibles avec les systèmes digestifs humain  et animal ainsi qu’avec les écosystèmes), soient classées comme  Bien Commun Inaliénable : inappropriables par toute forme de propriété intellectuelle (brevet, COV), soumises aux droits collectifs d’usage. protégées par la loi de toute modification génétique artificielle (voulue ou accidentelle) et de toute sélection outrancière (cf : gluten des blés) ou manipulation issue des biotechnologies, amenant des transformations rapides et incontrôlables de mon alimentation, incompatibles avec ma santé.


En vous remerciant, madame la ministre, de bien vouloir porter ce texte à la réunion des ministres européens de l’Environnement, le 11 juin 2012.


Nom            Prénom              Pays          Signature


lundi 28 mai 2012

L’Autorité Européenne de « Sécurité Alimentaire » à la solde des lobbies des OGM ?


Rappel : en 2011, une étude confirmait que les petites molécules « ARNmicro » végétaux, présents dans les aliments, ont une influence beaucoup plus grande sur nos corps que leur taille ne le laisse supposer, car ils régulent l'expression des gènes chez les mammifères qui les ingèrent.

On aurait pu penser que c’était la fin des OGM...

En effet, par quels moyens évaluer « les effets des miARN produits par des plantes génétiquement modifiées ? » (Question de l’eurodéputée Sandrine Bélier à la commission).


Eh bien non, les OGM se portent bien...

L'Autorité européenne de sécurité des aliments (AESA ou EFSA en anglais), mandatée par la Commission européenne pour répondre à la question, vient de reconnaître, qu’effectivement, les ARN micro constituaient un problème « d'importance générale concernant les impacts sanitaires de l'alimentation humaine et animale » concernant aussi bien les plantes telles que nous les consommons depuis des millénaires (mais pour lesquelles nous disposons d'un recul d'utilisation et avec lesquelles nous avons co-évolué), que les plantes transgéniques, et les plantes qui seront modifiées par de futures techniques de biotechnologie, mais... qu'ils ne feraient pas l'objet d'une évaluation avant autorisation pour les plantes transgéniques.

Cela revient à dire : comme c’est impossible à évaluer... ne les évaluons pas. Et ne privons surtout pas les firmes de leurs retours sur leurs investissements en « amélioration des plantes », même au prix de nos propres gènes...

Vous avez dit « Sécurité Alimentaire » ?


lundi 21 mai 2012

Après avoir éludé la question des ARN micro, l’Autorité Européenne « pour la Sécurité Alimentaire » veut obliger la France à planter du maïs OGM.


(Pour en savoir plus, voir l’annonce AFP / 21 mai 2012)

Toujours à la solde des lobbies OGM, l’AESA (EFSA en anglais) veut forcer la France à cultiver du maïs transgénique. Elle a rendu, lundi 21 mai, un avis négatif à la demande de la France de ne pas cultiver du maïs Mon 810 du groupe Monsanto, « car aucun des éléments présentés par Paris ne la justifie ».

L’AESA n'a soi-disant pas trouvé dans notre argumentaire, de preuve scientifique démontrant un risque pour la santé humaine ou animale ou pour l'environnement et pouvant justifier l'adoption de mesures d'urgence... Alors qu'elle vient de balayer la question des ARNmicro, qui démontre l'impact fondamental sur la santé des modifications que nous faisons subir à notre alimentation.

Forte de cet avis de l'AESA, la commission peut donc demander à la France de lever son interdiction à la culture du Mon 810.

La Commission attend cependant l'issue de la prochaine réunion des ministres de l'Environnement de l'UE le 11 juin 2012 au Luxembourg, "en espérant une issue positive sur ses propositions pour la mise en culture"...

Il nous faut refuser ce projet, qui s’appuie sur l’avis de l'AESA, un "organisme de sécurité" infiltré par les lobbies, qu’aucun européen ne prend plus au sérieux.

jeudi 22 décembre 2011

Cadeau de Noël empoisonné : le coton OGM



(Pour plus de détails sur les conditions des autorisations, voir l’article d’Eric Meunier sur INF’OGM)

Le 22 décembre 2011, la Commission européenne a autorisé la commercialisation de quatre Plantes transgéniques : trois maïs de Syngenta, et un coton de Dow AgroSciences.

La Commission européenne a fait le choix d’autoriser ces quatre plantes, malgré une actualité OGM chargée, notamment avec les débat en cours sur le miel contenant du pollen d’origine transgénique.

Comme d’habitude, c’est pendant une période de congés, alors que le public regarde ailleurs, que la Commission européenne a autorisé ces quatre PGM : deux jours avant les fêtes de fin d’année !


Ces quatre PGM produisent « elles-mêmes » leur insecticide et sont à la fois résistantes à des herbicides.

Ces autorisations concernent l’alimentation humaine et animale et, pour les trois maïs, l’importation et la transformation (mais pas la culture).

Pour ce qui est du coton, les consommateurs doivent être très vigilants, car contrairement aux OGM alimentaires qui sont étiquetés (sauf s’ils sont utilisés en tant qu’« auxiliaires technologiques...), le coton OGM, non alimentaire, n’est pas étiqueté.

Et nous l’avons vu, ce coton OGM est une « Plante-Pesticide », c’est à dire que chacune de ses fibres contient la toxine insecticide destinée à tuer les insectes.


Auriez-vous l’idée d’asperger vos cotons-tiges, vos serviettes hygiéniques, vos couches pour bébés, vos vêtements, d’insecticide avant de vous en servir ? Les fibres de coton sont en contact constant avec notre peau et même avec nos muqueuses. L’étiquetage devrait être obligatoire, pour permettre aux personnes sujettes aux problèmes de peau d’éviter les problèmes.

Un conseil : gardez précieusement vos vêtements de coton fabriqués avant 2008. A partir de maintenant, demandez des garanties ECRITES à vos commerçants, comme quoi le produit que vous achetez est bien fabriqué en coton NON-OGM (ces écrits vous seront utiles un jour, si une maladie de peau se déclare, pour faire valoir vos droits - n’oublions pas que notre constitution nous garantit le « Droit à un Environnement Sain »-.).  Si un commerçant ne sait pas répondre, n’achetez pas. Et tentez de trouver un article similaire en coton bio, qui sera garanti SANS-OGM.

Si un vêtement en coton, récemment acheté, vous gratte ou vous paraît curieusement « chaud », désagréable sur la peau, comme un synthétique, si vous attrapez un eczéma sur les jambes ou le torse, ou une mycose du conduit auditif, etc..., remettez vos vêtements anciens, ou rabattez-vous systématiquement sur du coton bio, pour voir si les choses changent.



vendredi 30 septembre 2011

OGM : nous sommes ce que nous mangeons : certaines molécules de notre alimentation; les ARNmi, régulent l’expression de nos gènes.


(pour en savoir plus sur l’étude : site d’INF’OGM)


Dans un article publié en septembre 2011, une équipe de chercheurs chinois (la Chine est à la pointe de la recherche en agriculture) démontre que les molécules des plantes alimentaires sont actives chez les mammifères et influent grandement sur leur métabolisme. En effet, les ARN micro (petites molécules d'Acide Ribonucléique, appelées ARNmi), ingérés par le biais de l'alimentation ne sont pas totalement détruits par la digestion. Même cuits, ils peuvent interférer avec le fonctionnement génétique des animaux et des humains. Les ARN remplissent une fonction importante de régulateur dans les cellules et interviennent dans la synthèse de protéines.

Après avoir détecté ces molécules dans le lait, le sérum sanguin (la partie « liquide » du sang) et des tissus de différents mammifères, les scientifiques ont confirmé que l’ARNmi est actif chez la souris en inhibant l'expression de certaines protéines. Pour les chercheurs, ces résultats prouvent que « les ARNmi végétaux présents dans des aliments peuvent réguler l'expression de gènes cibles chez les mammifères».

Ces résultats devraient remettre en cause toutes les sélections outrancières que l’on fait subir aux plantes vivrières et, en tout premier lieu, les manipulations des plantes transgéniques.

jeudi 25 mars 2010

« Derrière les OGM, c’est un projet de mort qui s’impose »

Extraits de l’interview de Jean-Pierre Berlan, (directeur de recherche à l’INRA → 2009), à propos de son livre « La guerre au vivant, OGM : mystifications scientifiques »

Une réflexion essentielle sur les biotechnologies, ces prétendues "sciences de la vie" qui devraient porter d'après Jean-Pierre Berlan, l’appellation de "nécrotechnologies". 

Avec l’industrialisation de l’agriculture et la marchandisation du vivant, c’est la mort qui pointe le bout de son nez. Celle de la diversité et - donc - de l’humanité..

Une manière de s’opposer à la volonté farouche de l’agriculture de ne pas aborder les questions qui fâchent.

Dans cet ouvrage, des chercheurs, scientifiques et spécialistes [2] reviennent sur les OGM, traitant des risques de dissémination, des problèmes de santé, du manque d’"expertise" sur le sujet (puisque la plupart des études sont directement produites par les firmes qui en font commerce), de la question cruciale du brevetage du vivant, et du scandaleux pillage des ressources génétiques mondiales et de notre environnement par quelques firmes. Bref : de notre rapport d’apprentis sorciers à la vie sous toutes ses formes.

À travers un nécessaire retour sur l’histoire de la sélection variétale et l’industrialisation de l’agriculture à l’œuvre depuis deux siècles, Jean-Pierre Berlan montre au final l’importance cruciale (et le caractère éminemment dangereux) du projet de société qui transparait derrière l’application des principes marchands et de la logique industrielle au monde vivant.

Il développe ici les raisons pour lesquelles les "clones pesticides brevetés" (les OGM) sont inacceptables, et en quoi ils ne sont en fait que la partie émergée d’un projet de société mortifère.


Qu’est-ce qu’un OGM ?


Le terme d’"organisme génétiquement modifié « ne veut rien dire », il n’est destiné qu’à endormir la vigilance du public.

Il a été inventé par Monsanto, à l’époque des premières manipulations génétiques. En 1973, en Californie, deux chercheurs, Cohen et Boyer, ont créé la première « chimère fonctionnelle » [3]. Puis le premier brevet a été déposé en 1980 [4].

À cette époque, il y a 30 ans, on pensait pouvoir industrialiser la vie, en faire à peu près ce qu’on voulait. Pour un biologiste de cette époque, la vie n’était qu’un vaste meccano dans lequel il suffisait de transférer des gènes d’une espèce à l’autre pour avoir la fonction correspondante. A l’époque, donc, les chercheurs pensaient détenir avec les « chimères fonctionnelles » l’explication ultime de la vie : séquencer tous les génomes du monde allait permettre de comprendre ce que c’est qu’être vivant. C’est dire les illusions dans lesquelles on se berçait, et la propagande qui régnait à cette époque…

Le terme « chimère » vient de là, de cette véritable explosion autour d’un vivant qu’on croyait pouvoir maîtriser et industrialiser à volonté. Sauf que parler de « chimère génétique » n’était guère appétant pour les entreprises qui se lançaient dans l’aventure, comme Monsanto. Leurs services de relations publiques - c’est-à-dire de désinformation - ont donc décidé, en accord avec les scientifiques eux-mêmes, qu’il valait mieux utiliser un terme beaucoup plus neutre et permettant de tenir un discours mensonger. C’est à cette période qu’on a commencé à parler d’ "organismes génétiquement modifiés".

À partir de là, leur discours retrouve une certaine (fausse) cohérence. Parce que l’humanité a toujours « modifié » la nature. Depuis dix mille ans et la révolution néolithique, depuis qu’on a inventé l’agriculture, la domestication des plantes et des animaux, on a toujours modifié génétiquement le vivant. Mais on oublie de dire qu’il a fallu attendre 1973 pour que la première « trans »-genèse ait lieu, et que cela représente une différence essentielle, une révolution, qui pouvait faire peur à beaucoup de gens ; il fallait donc la taire, imposer sur elle une espèce de black-out, afin que les populations ne se rendent compte de rien. D’où un discours mensonger, du genre : « Avec les Organismes génétiquement modifiés, vous pouvez dormir sur vos deux oreilles, ce n’est que la continuation de ce qu’on a toujours fait. En plus on le fait avec des méthodes beaucoup plus scientifiques, beaucoup plus fiables, on sait exactement ce qu’on fait... ». Ça fonctionne même avec certains de mes collègues. Particulièrement abrutis, ceux-ci pratiquent une désinformation totale, avec des discours du type : « La nature manipule plusieurs dizaines de milliers de gènes chaque fois qu’elle fait un croisement, alors que nous nous n’en manipulons que quatre ou cinq, une dizaine à tout casser. Nous sommes donc beaucoup plus précis, nous faisons les choses de façon beaucoup plus intelligente que la nature. » C’est un discours de pure propagande, avec une apparence logique au départ mais qui ne correspond absolument pas à la réalité des faits. En réalité, les gens qui réalisent ces manipulations génétiques ne savent tout simplement pas ce qu’ils font.


Les « OGM » devraient s’appeler des « clones pesticides brevetés » .


Alors, comment les appeler ? Par un terme qui - curieusement – ne fait aucune référence à un phénomène biologique, que ce soit la transgenèse ou la manipulation génétique. Il s’agit du terme de « clone pesticide breveté ». Cela permet de rappeler que, depuis deux siècles, les sélectionneurs s’efforcent de remplacer les variétés, les caractères de ce qui est varié et la diversité, par l’uniformité.

Il y a une énorme diversité à l’intérieur des "variété". Le terme « variété » signifie, bien sûr, diversité, pour faire référence au processus de sélection leur permettant de survivre dans la nature, d’évoluer et de se perpétuer…
À l’heure actuelle - c’est très frappant - on cultive des variétés dans un sens très particulier : une variété moderne de blé, d’orge, d’avoine, de tomate... sont des plantes copiées sur un modèle ayant fait l’objet d’un dépôt auprès d’instances officielles. Vous avez le "créateur" de variété qui dépose son obtention auprès d’un organisme officiel. Puis cette dernière doit être produite, donc copiée et multipliée à un nombre d’exemplaires suffisant pour pouvoir être vendue comme semence. Quand on parle de "copies", évidemment, c’est le terme "clone" qui vient à l’esprit. Et c’est bel et bien ça : les variétés modernes, ce qu’on appelle "variété" au sens moderne du terme, ce que cultive un agriculteur "moderne" aujourd’hui sous nos latitudes, ce sont des variétés au sens de "clone", c’est-à-dire très exactement le contraire d’une « variété ».
Il y a vraiment une mystification complète dans le langage utilisé pour décrire ces plantes. Nous sommes dans une société de communication, c’est à dire dans une société de mensonge organisé, dans laquelle les mots sont imposés par les dominants pour nous tromper. User de ces termes nous empêche de penser la réalité : si vous utilisez le mot variété pour désigner des clones, comment voulez-vous réussir à penser correctement ? Les mots n’ont plus de sens, et vous ne savez plus à quoi vous avez affaire. Il est alors bien plus difficile de s’opposer à quoi que ce soit.


... Il y a une logique, une véritable continuité dans le système industriel qui pousse, depuis les débuts de la sélection, vers cette recherche de clones, de l’uniformité, de la standardisation, de la normalisation.


L’application de principes industriels au monde du vivant :


Tout ceci est dans la logique de la révolution industrielle britannique : c’est en Angleterre qu’ont été mises pour la première fois en œuvre ces techniques aboutissant au clonage. Elles ont ensuite été codifiées : le raisonnement complet a été formalisé en 1936 par John Le Couteur, l’un de ces "agronomes" ricardiens, gentilshommes agriculteurs britanniques qui sont en fait des capitalistes investissant dans l’agriculture pour faire des profits. C’est-à-dire pour tirer profit de leur investissement en agriculture : ils se fichent pas mal de produire du blé ou autre chose. Pour eux, ce qui importe est d’appliquer les principes industriels au monde vivant... uniformité, standardisation, normalisation du monde agricole.
Il s’agit d’un basculement . C’est une nouvelle vision du monde qui s’impose, et ce, au sein même de l’agriculture. C’est d’ailleurs aussi l’agriculture qui permet cette révolution industrielle, entre autres grâce aux profits et surplus qu’on peut tirer de la production agricole.


Cette logique de clonage amène donc forcément à celle du brevetage du vivant ?


Ça y conduit nécessairement. On touche là au deuxième défaut de poids que rencontre le système économique dans lequel nous vivons : les êtres vivants se reproduisent et se multiplient gratuitement. Or, la gratuité est une horreur absolue, un véritable affront à la logique économique. C’est la dernière chose que les industriels et les semenciers tolèrent. Il s’agit donc de lutter contre cette injustice de la nature : alors que dans le monde vivant, il n’est pas possible de produire sans en même temps reproduire, eux veulent séparer la production de la reproduction. C’est un projet mortifère, de fou furieux qui est en train d’être mis en place. Un projet de mort.


La plus belle preuve du caractère mortifère de ce projet consiste en l’invention d’une technique, qui est le plus grand triomphe de la biologie appliquée à l’agriculture. Il s’agit de Terminator, une technique de transgenèse permettant de fabriquer des semences qui, une fois devenues plantes, sont programmées pour tuer leur descendance. De fait, l’agriculteur récolte un grain stérile. Pour certains, c’est un rêve vieux de deux siècles qui se réalise. Ils ne le diront évidemment pas : un semencier ne va pas se présenter devant sa clientèle (les agriculteurs) en expliquant que la reproduction des êtres vivants est un grand malheur et qu’il faudrait stériliser les plantes ou les animaux pour faire augmenter leurs profits. Il ne va pas dire ça, il ne peut pas annoncer son projet. Il va donc plutôt raconter des bobards. Avec une volonté de nous exproprier, de nous ôter cette faculté merveilleuse de la vie, à savoir la capacité de se reproduire et se multiplier. Avec en arrière-fond le projet d’en faire un bien privé, qui est un projet aussi ancien que la sélection commerciale. Pour les animaux, c’est très facile à faire, et ça a été réalisé, toujours en Angleterre, à la même période. Au fur et à mesure qu’on cherchait à fixer des "races", à force de sélection de certains caractères au détriment d’autres, on a rendu les bêtes de plus en plus faibles, stupides, voire complètement débiles. Une vraie dégénérescence. C’est pareil au niveau des plantes.

Revenons-en aux brevets. Une « vraie » variété est toujours "hétérogène instable" (selon les termes utilisés dans le langage semencier), ce qui veut tout simplement dire qu’elle varie. C’est logique : elle est vivante, elle varie… Mais c’est aussi gênant : vous ne pouvez pas imposer votre droit de propriété dessus puisque, d’une année sur l’autre, elle évolue. Vous ne pouvez donc pas définir ce qui est à vous. Tandis que le clone, lui, est "homogène" et "stable", vous pouvez le reproduire à l’identique moyennant un certain nombre de précautions et de procédures, d’une génération à l’autre. Il s’agit d’une sorte de mort-vivant. Et vous pouvez donc y associer un droit de propriété : il suffit d’observer le mort-vivant X, de voir en quoi il diffère du mort-vivant Y, et vous pouvez poser un droit de propriété dessus, puisqu’il est homogène et stable [6].

L’idée de base sur laquelle repose cette logique de clonage est imparable : si je peux remplacer une variété, (le caractère de ce qui est varié : la diversité), par une plante que je vais cloner, breveter et que je vais pouvoir reproduire à volonté, j’aurai un gain.

La redécouverte de l’agro-diversité.


Il y a toute une redécouverte, qui est en train de se faire, sur la valeur en soi de la diversité. On peut prendre l’exemple d’un travail qui a été fait aux États-Unis il y a quelques années sur des systèmes de prairie, avec 1, 5, 15, et jusqu’à 50 espèces différentes. Le résultat expérimental de cette étude montre que plus le nombre d’espèces que vous allez trouver dans ces systèmes de prairies est important, plus la production de biomasse est importante. Donc, en soi, la diversité est productive. De mémoire, la biomasse produite par un système à 16 espèces est supérieure de 42 % à la biomasse produite par l’espèce la plus productive en monoculture. C’est énorme !

Au fond, je suis persuadé que c’est une nouvelle révolution agricole qui se profile. D’une certaine manière, cette phase de l’agriculture industrielle - qui a donc commencé il y a deux siècles et s’est vraiment mise en place en Europe dans les années 30, et à la fin des années 50 en France - ne sera qu’une parenthèse dans l’histoire de l’humanité. Enfin… si l’humanité réagit. Parce qu’il y a une contradiction absolue entre ces deux logiques, celle de l’industrie, qui est celle de la normalisation, de l’uniformisation et de la standardisation, et la logique de la vie, qui est celle de la diversité. Entre les deux, nous ne pouvons pas pour l’instant savoir laquelle va gagner.
Le problème du choix, à l’heure actuelle, se pose en ces termes-là : d’un côté, il y a le système industriel appliqué au monde vivant, c’est la mort ; de l’autre côté, la diversité, la vie... Les larmes de crocodiles des biologistes sur « la biodiversité qui fout le camp » ne sont rien d’autre que du vent. Bien sûr que la biodiversité fout le camp, vous cultivez des clones ! Vous êtes en monoculture monoclonale ! On ne peut guère faire pire d’un point de vue écologique, et donc du point de vue de la diversité.

Et en quoi ces clones brevetés sont-ils des « pesticides » ?

Quasiment toutes les plantes et semences transgéniques commercialisées dans le monde sont des semences et des plantes dites "à-pesticides" : soit elles produisent un insecticide, et toutes les cellules de la plante en produisent, soit ce sont des plantes qui absorbent un pesticide sans en mourir [7].

Historiquement, ces produits chimiques, aujourd’hui utilisés à doses massives dans le monde agricole (engrais ou pesticides), sont des substances militaires. Leur origine remonte directement à la Première Guerre mondiale et aux gaz de combats. C’est un certain Fritz Haber qui fut à l’origine de l’invention de la méthode de synthèse de l’ammoniac, élaborée en 1908 et adoptée dès 1909 par BASF. C’est grâce à cette production massive d’azote que la Première Guerre mondiale est devenue la première guerre industrielle. Fritz Haber a été un grand promoteur des gaz de combat réalisés grâce à son procédé, alors même que l’état-major allemand ne voulait pas en entendre parler. Pour une raison simple : l’état-major allemand savait qu’utiliser ces gaz entraînerait une même réaction de la France et de l’Angleterre (qui étaient à un niveau technique et scientifique à peu près égal à celui de l’Allemagne).
Haber a finalement obtenu que l’état-major allemand utilise ses gaz (à Ypres pour la première fois, d’où le terme "ypérite"). Sa femme, elle-même chimiste, s’est suicidée parce qu’elle ne supportait pas que la science se mette au service de la mort à grande échelle. Ses gaz de combat ont été utilisés sur le front russe, avec plus de réussite, puisque les Russes étaient à un niveau technique bien inférieur.
En 1918, Haber a eu peur d’être condamné pour crime de guerre, et il s’est réfugié en Suisse. Mais son inquiétude a été de courte durée : il a reçu la même année le Prix Nobel de chimie pour son invention de la synthèse de l’ammoniac, qui allait permettre de produire des engrais en quantités massives [8]. On n’avait pas produit un gramme d’ammoniac pour l’agriculture pendant cette période-là, ça servait plutôt pour produire des explosifs, mais la capacité de déni de la réalité, de la part des scientifiques, est quelque chose d’hallucinant.

De façon plus large, l’origine de toute l’agriculture moderne se trouve vraiment dans la Première Guerre mondiale : les chars de combat ont été reconvertis en tracteurs à chenille, les gaz de combat en engrais azotés, et des bases ont été posées, qui permettront la mise au point, plus tard, des pesticides… Toute la révolution « verte » a en fait une origine militaire. Jusqu’à l’approche du système agricole moderne, qui montre bien qu’« on fait la guerre ». Ainsi de ces célèbres photos de tracteurs ou de moissonneuses-batteuses, alignés à dix de front, en Russie soviétique comme aux États-Unis.

Mais les agriculteurs voyaient ça comme un progrès…


Tout à fait. Lorsque le DDT, les premiers pesticides et insecticides sont apparus à la fin des années 50, ça a été une véritable révolution pour les agriculteurs. On peut le comprendre. Pour des gens qui, pendant la guerre, faisaient la chasse aux doryphores un à un dans les champs de pomme de terre, se contenter de l’épandage d’un produit quelconque pour les tuer tous, était absolument extraordinaire. Ça semblait si miraculeux que, sur le moment, personne n’a réfléchi aux conséquences de l’utilisation des pesticides. Personne n’a pensé que leur usage aurait des effets pervers. Mais si au début les insectes meurent tous, des résistances apparaissent immanquablement après un certain temps ; il faut alors utiliser davantage d’insecticide, passer à des doses plus élevées ; enfin il n’y a plus d’autre solution que de changer de drogue.


Car il faut comparer les pesticides à des drogues dures : il y a l’effet d’accoutumance et de dépendance. L’agriculture actuelle y est devenue accro, mais aussi l’agronomie et les agronomes - eux n’ont d’ailleurs rien eu à faire : c’est l’industrie qui s’est imposée, ils ont juste adapté les systèmes de production aux nouveaux moyens techniques. De fait, l’industrie, et en particulier l’industrie chimique, prend une place de plus en plus centrale dans le processus de production. Et les agriculteurs sont devenus complètement dépendants de ces produits, dans une logique de fuite en avant. Peu importe qu’on sache, depuis les années 60, que ces produits peuvent être dangereux… Depuis que Rachel Carson a écrit le premier livre dénonçant les effets nocifs des pesticides [9], les preuves se sont accumulées d’une façon incroyable. À tel point que l’industrie des pesticides cherche maintenant d’autres formes de pesticides : c’est ainsi qu’elle a inventé les fameux "organismes génétiquement modifiés". Les OGM sont des « plantes pesticides ».

Les OGM sont « des plantes-pesticides ».

Bien sûr. Et ces clones pesticides ne marquent pas du tout une rupture, sinon technique. La logique reste la même, celle de cette industrialisation du vivant menée tambour battant. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les firmes produisant les pesticides ont aussi pris le contrôle de l’industrie des semences - donc de la vie. Elles se prétendent "industrielles des sciences de la vie", pour tromper tout le monde ; mais en réalité elles ne produisent que des produits en -cide (fongicides, insecticides, herbicides…), soit des produits qui tuent. Ce sont donc, en fait, des industries des sciences de la mort. Et elles poursuivent ainsi leur projet mortifère par d’autres moyens, qu’on appelle couramment les OGM.

Ce qui est intéressant avec les pesticides soi-disant OGM, c’est qu’il s’agit en fait de changer le statut des pesticides. Presque toutes les plantes transgéniques vendues dans le monde sont à-pesticides : soit elles en absorbent un sans en crever (c’est le cas des plantes dites Round Up ready, mais ça peut aussi l’être avec d’autres herbicides), soit elles produisent elles-mêmes un insecticide.
Dans ce deuxième cas, chaque cellule de la plante produit un insecticide, donc il passe évidemment dans la chaîne alimentaire. Les fabricants prétendent que « la toxine insecticide n’a aucun effet », mais ils n’en savent rien, ils n’ont même pas été regarder ce qui se passait dans le tube digestif des ruminants. Encore moins dans notre tube digestif à nous… Il faut savoir que nous avons à peu près dix fois plus de bactéries que de cellules dans notre corps. Celles-ci sont symbiotiques avec nous, et on les connaît très mal ; et ces gens des sciences de la mort affirment qu’il n’y a aucun effet… C’est de la folie.

Revenons au premier type de plante, celles qui sont tolérantes à un herbicide. Comment ça fonctionne ? L’herbicide agit normalement en rentrant à l’intérieur de la plante, entre autres grâce à des adjuvants (potentiellement dangereux également) qui en favorisent la pénétration. Les plantes rendues tolérantes à un herbicide neutralisent l’action de l’herbicide, mais elles ne le détruisent pas. C’est le cas de la plupart des plantes Round Up ready : il y a une neutralisation de l’herbicide, mais l’herbicide n’est pas détruit, ni même décomposé : il rentre dans la chaîne alimentaire.

Dans ces deux cas, le projet est complètement fou, puisqu’il s’agit de changer le statut des pesticides. Au lieu d’être des produits dangereux qu’il faut éliminer - autant que faire se peut – de la chaîne alimentaire, on en fait des CONSTITUANTS de cette dernière. Mais sommes-nous, nous aussi, tolérants aux pesticides ? (Nous vendra-t-on les médicaments pour les supporter ?). Voilà un enjeu qui est absolument colossal, pour les fabricants de pesticides. S’ils peuvent faire des pesticides des constituants de la chaîne alimentaire, ils domineront toute la chaîne alimentaire.

Qu’est-ce vraiment que le Round Up ?


La molécule active du Round Up, la molécule herbicide, s’appelle le glyphosate. C’est une molécule qui a été "créée" par des chimistes suisses à la fin des années 40 ; Monsanto en a étudié les propriétés herbicides, et l’a brevetée à la fin des années 70. Monsanto est donc propriétaire du glyphosate breveté en tant qu’herbicide. Pour la firme, c’est une molécule « merveilleuse », puisqu’il s’agit d’un "herbicide total". Qui tue tout, réellement. C’est « formidable » pour la SNCF, pour les parcs et jardins, pour les bords de route, etc…
Le glyphosate a longtemps été considéré comme inoffensif, grâce à la propagande de Monsanto. Mais quand certaines préoccupations écologiques ont commencé à émerger, les gens de Monsanto ont pensé que ce serait génial de pouvoir le transformer en "herbicide spécifique". C’est-à-dire de réaliser une manipulation génétique sur une plante pour la rendre tolérante à cet herbicide total. L’herbicide total deviendrait ainsi un herbicide spécifique : tout crèverait sauf cette plante, rendue tolérante à cet herbicide. A partir du moment où des plants de maïs, d’orge, de blé, d’avoine, de tout ce que vous pouvez imaginer, même des forêts entières, seront tolérants au glyphosate, celui-ci pourra être utilisé sur l’ensemble de la planète. Le but de Monsanto est là : maximiser l’utilisation de glyphosate. Et leur stratégie a plutôt bien réussi, même si elle se heurte à des résistances et à l’inquiétude d’une partie du public.


Le deuxième coup de génie de Monsanto a été de lier complètement l’achat de semences tolérantes au glyphosate à son propre herbicide breveté. Donc d’obliger les agriculteurs à n’acheter que l’herbicide de marque Monsanto. D’une certaine manière, c’est un moyen de prolonger la durée de vie du brevet, qui était d’environ 20 ans. A partir de 2000, en sortant ces plantes tolérantes à l’herbicide Round Up, puisque l’agriculteur est forcé d’acheter les deux en même temps, Monsanto fait coup double et peut continuer à vendre son herbicide au prix de marque, au lieu de le vendre au prix du générique.
Il s’agit donc de prolonger éternellement la durée de vie du brevet sur le glyphosate et d’arroser l’ensemble de la planète avec cette molécule. Les enjeux sont évidemment considérables : si Monsanto réussit, c’est la planète entière qui sera arrosée de Round Up, et l’entreprise qui fera des profits immenses. La firme est donc prête à tout pour que réussisse ce projet.

C’est une surenchère permanente…


Oui, car le système pesticide est profondément addictif. Il n’a d’avantages que pour les fabricants, qui créent ainsi leur propre marché. À partir du moment où vous mettez le doigt dans l’engrenage pesticide, vous ne pouvez pas éviter de suivre, puisqu’un pesticide sera un jour dépassé par les résistances qu’il aura suscitées, il en faudra un autre, et puis après un troisième. C’est ainsi qu’on est passés des organochlorés aux organosphosphorés, aux pyréthrinoïdes, aux nicotinoïdes…
C’est une forme de surenchère complètement folle, avec - par exemple - les nicotinoïdes, qui sont maintenant utilisés à des doses de un ou deux grammes par hectare : ils sont d’une telle puissance qu’ils ne s’utilisent que par très petites doses et deviennent quasiment indétectables. Résultat ? Le tonnage d’utilisation des pesticides diminue, évidemment… Ces nouveaux produits vont pourtant empoisonner la planète et les humains encore plus sûrement que les anciens. C’est une fuite en avant permanente, qui crée et élargit son propre marché de façon constante. C’est la situation du drogué : on peut dire qu’on est dans une agriculture de drogué. Aux drogues dures.

Avec quelques firmes pour uniques dealers ?


Exactement ! Elles prétendent que l’humanité a toujours fait des transformations génétiques, depuis le début de la domestication des plantes et des animaux. Mais elles oublient de préciser que les choses se faisaient très lentement, que presque toute l’humanité était concernée, et que c’était une humanité de paysans, d’agriculteurs et d’éleveurs. Tandis qu’à présent, cela se réduit à une douzaine de firmes produisant des pesticides. Celles-ci parviennent pourtant à imposer leurs suggestions, lesquelles sont reprises par la Commission européenne, et retranscrites quasi automatiquement dans le droit français. On est en train de confier la planète et son avenir biologique aux industriels des sciences de la mort, tout simplement. C’est à se demander si les hommes politiques ont deux sous de jugeote.


Pourquoi les agriculteurs acceptent-ils de rentrer dans ce système ?


Parce que les 50 ou 60 000 fermes vraiment importantes et influentes en France sur le plan économique sont complètement entre les mains de ces entreprises. Tout simplement. C’est un simple prolongement du système industriel.
Une mise au point, d’abord. Il faut arrêter de parler d’agriculteurs : aujourd’hui, ça n’existe plus. Il y a deux générations, le paysan était un homme qui élevait ses chevaux de trait et les nourrissait avec l’avoine qu’il produisait dans son champ. Il produisait ses fourrages, réutilisait le fumier de ses animaux dans ses champs, semait le grain récolté et se nourrissait vraiment à partir des produits de sa ferme. Il vendait les excédents à l’extérieur, ce qui lui permettait d’acheter les quelques biens - industriels ou pas - qui lui étaient nécessaires, comme du sucre, du café… C’était un homme qui avait un peu d’épargne, qu’il ne confiait d’ailleurs même pas au Crédit Agricole mais gardait sous son matelas. Bref, un individu autonome et indépendant.
À l’inverse, le « techno-serf » actuel achète ses "chevaux de trait" à John Deere, "l’avoine" pour les nourrir à Total ou à BP, l’engrais AZF à la « Grande Paroisse » (et on voit ce que ça donne, parfois ; comme à Toulouse… [10]), les semences et les pesticides à Monsanto, etc. Et il fait tout ça grâce à un prêt permanent auprès du Crédit Agricole, accordé parce qu’il vend à des chaînes de grande distribution. Un tel individu n’a plus la moindre parcelle d’autonomie, il est complètement soumis au système de marché et a perdu toute forme d’indépendance.


Les agriculteurs sont devenus des « techno-serfs ».



Ils sont finalement tellement dépendants qu’ils sont prêts, alors que le système pesticide montre bien qu’il est au bout du rouleau, à accueillir n’importe quelle prétendue innovation du secteur industriel par des cris de soulagement. Ils sont tellement engagés là-dedans… Et même s’ils se sont empoisonnés eux-mêmes avec les pesticides, ils veulent continuer à essayer d’y croire. On leur a toujours promis qu’il n’y avait pas de danger ni d’effet négatif, que le prochain pesticide serait bien meilleur. On ne leur dit pas qu’il faut 30 ans pour s’apercevoir qu’un pesticide a des effets particulièrement dangereux et nocifs, et eux sont tellement au bout du rouleau, sous pression, bouffés par cette constante fuite en avant, qu’ils sont prêts à croire et à prendre n’importe quoi… Ces braves gens sont pieds et poings liés ; du coup ils attendent comme le Messie que l’industrie leur offre un nouveau boulet magique qui va les sortir d’affaire.


Il y a quand même des agriculteurs qui cultivent en respectant l’ environnement…


Heureusement qu’il y en a encore ! J’aime par exemple beaucoup ce que font les biodynamistes, parce qu’ils ont vraiment compris qu’on ne cultive pas des plantes ni des animaux, mais qu’on cultive la terre, un sol, qu’il faut absolument associer le végétal et l’animal - les insectes également - et, globalement, qu’il faut donner à chacun sa part dans la nature. Ils ont saisi que le but de l’agriculture est d’abord d’avoir des sols en bon état, en bonne santé. A partir du moment où vous avez des sols en bonne santé, tout le reste suit.

Il y a en plus une dimension sociale chez les biodynamistes, et je pense qu’une bonne partie des gens qui sont en bio ont compris aussi que ce n’est pas ce vers quoi il fallait aller.

Il y a donc bien des agriculteurs du genre que vous évoquez. De plus en plus je pense, même. C’est normal : ils sont les premières victimes des pesticides - en particulier en viticulture, mais également en arboriculture - et c’est logique que certains se posent des questions sur ce système qui les tue à petit feu. Ils se rendent aussi compte du silence fait autour de cette question : il n’y a pas d’étude épidémiologique sur le sujet, ou alors les résultats sont tus. Les arboriculteurs qui ont épandu des pesticides en masse, pendant trente ans, ont pourtant payé un très lourd tribut aux pesticides, avec un taux de maladies de Parkinson extraordinaire (la maladie vient d’être reconnue comme maladie professionnelle).
La situation est encore pire dans les exploitations de grandes dimensions, qui font venir des Marocains, des Espagnols, bref des travailleurs de l’étranger servant de main d’œuvre à bas coût. Pendant longtemps - et encore aujourd’hui - ce sont eux qui s’en sont d’abord pris plein la figure, rentrant ensuite chez eux avant de se découvrir un cancer. C’est donc aussi une façon de se défausser des maladies. Parce que ces ouvriers ne sont absolument pas suivis, ni chez eux, ni chez nous. C’est scandaleux.

Une fois de plus, pour revenir à ce que je disais, on voit bien que la chose la plus importante est de sortir de l’agriculture industrielle. De revenir à une certaine diversité. Et d’acter que le sol n’est pas, comme une bonne partie de la recherche agronomique le considère, un support linéaire, mais qu’il est simplement l’organisme vivant par excellence de la planète. C’est la petite pellicule de vie qui filtre tout, une espèce de peau par laquelle tout transite, par laquelle s’accomplissent les grands cycles de l’azote, de l’eau, des nutriments… Sur les 6 400 kilomètres de rayon de la terre, il y a 30 centimètres qui contiennent 80 % de la biomasse, c’est-à-dire de la masse vivante de la planète. Et cette toute petite pellicule de vie, on est en train de la détruire à toute vitesse. Avec l’agriculture industrielle, c’est tout simplement la désertification de la planète qu’on est en train d’organiser.

C’est tellement évident qu’une firme comme Evian paye même des agriculteurs dans le bassin d’infiltration de ses eaux de source pour qu’ils travaillent de façon biologique et/ou organique. De même sur les zones de captage, dans un certain nombre de villes en France, des municipalités payent les agriculteurs pour qu’ils travaillent proprement. Quand on en arrive à payer les gens, juste pour qu’ils ne nuisent pas, c’est vraiment qu’il y a quelque chose qui cloche…


Notes


[2] Outre Jean-Pierre Berlan, Michael Hansen, Paul Lannoye, Suzanne Pons et Gilles-Eris Séralini ont participé à l’ouvrage.


[4] Jean-Pierre Berlan revient sur le brevetage du vivant dans cet article.


[6] Concernant cette question du brevetage du vivant, voir l’édifiant documentaire de Marie-Monique Robin (qui menait également l’enquête dans Le Monde selon Monsanto), Les pirates du vivant. Ils sont tous deux disponibles aussi sur le net.


[7] La consommation de pesticides a ainsi clairement augmenté aux États-Unis depuis l’autorisation des plantes a-pesticides, en 1996.


[8] Haber a ensuite persisté dans cette "voie" : il a par la suite inventé le zyklon b, qui sera utilisé dans les camps de concentration.


[9] Silent Spring, paru en 1962, sensibilisa une bonne partie de l’opinion américaine à certains problèmes environnementaux, suscita une interdiction (aux États-Unis) du DDT et conduisit enfin à la création de l’Environmental Protection Agency, une agence nationale de protection de l’environnement indépendante du gouvernement américain.


[10] La Grande Paroisse est l’ancien nom de la société GPN, filiale du groupe Total. C’est le premier fabricant français d’engrais, notamment d’engrais azotés et d’engrais composés, vendus sous la marque AZF.

dimanche 19 juillet 2009

80 000 HA de maïs OGM perdus. Les grains ne sont pas sortis.

Mars 2009. La récolte des maïs OGM touchée sur 80 000 hectares : les grains ne sortent pas.

Le problème vient d’apparaître en Afrique du Sud, (pays ayant autorisé la culture et la consommation du maïs transgénique au même moment que les Etats-Unis). Trois variétés différentes de maïs OGM Monsanto ont produit des épis dépourvus de graines. Une « simple » erreur de manipulation en laboratoire d’après le semencier.

Les agriculteurs ont été très surpris. Car l’aspect extérieur des plantes semblait irréprochable... La firme Monsanto a annoncé qu'elle indemniserait, qu’elle allait « revoir les méthodes de production de graines pour les trois variétés impliquées », que des ajustements seraient effectués...

Cependant, Marian Mayet, directrice du Centre Africain sur la Biosécurité (Johannesburg), a aussitôt demandé l'ouverture d'une enquête indépendante et un moratoire immédiat sur toutes les cultures OGM. « La firme Monsanto parle d’une erreur de laboratoire, mais c'est la technologie elle-même qui est un échec. Il est impossible de faire une erreur sur trois variétés différentes de maïs » a-t-elle déclaré.

En Afrique du Sud, le gouvernement n'avait imposé aucune législation particulière sur les OGM, ni au niveau de la production, ni au niveau de l'étiquetage. Là-bas, le maïs est un des produits les plus consommés. La faiblesse de la récolte de cette année va menacer l'équilibre alimentaire de toute une région.

Cette erreur inquiétante illustre à nouveau la fragilité des nouvelles technologies, appliquées d’urgence aux ressources alimentaires, sans réelles évaluations sur la santé et l’environnement. L’homogénéisation industrielle des semences et des plantes se fait au détriment de la multitude de variétés locales. Et les échecs des semences high-tech sont, également, parfaitement homogènes : plus de possibilité de se rabattre sur une diversité de cultures locales qui échapperaient aux problèmes.

Comme le souligne Benjamin Sourice (Combat-Monsanto), est-il prudent de remettre l’approvisionnement alimentaire des états entre les mains de quelques multinationales qui peuvent être activées par des puissances étrangères ?
En Europe, la prudence doit s’imposer : l’Allemagne vient d’ailleurs de rejoindre la France en posant un moratoire sur le Maïs OGM Monsanto 810.

Sources : Le Mercury. 24 mars 2009
Digital journal Afrique du Sud. 29 mars 2009