lundi 21 janvier 2013

Lettre à l'ANSES, l'Agence française pour la Sécurité Sanitaire


Le Centre d'Information sur l'Environnement et d'Action pour la Santé ( CIEAS) interpelle l'ANSES, suite au refus de Monsanto de venir s'expliquer en France.

Pour  le CIEAS, il y a deux poids, deux mesures. En effet, l'ANSES demande que soit refaite l'étude Séralini qui  vient de démontrer sur deux ans, la nocivité d'un maïs OGM, alors que cette agence s'est contentée d'études de 3 mois pour autoriser cet OGM.Monsanto que l'on trouve donc dans nos assiettes.

Nous reproduisons ici ce courrier, qui résume bien la situation délétère dans laquelle on se trouve :





A monsieur Mortureux, directeur de l’ANSES

Monsieur,


N’ayant pu assister à la « restitution » que vous aviez organisée pour les associations, nous venons de visionner la séance du 7 novembre 2012 à l’Assemblée Nationale, durant laquelle vous avez exposé l’avis de l’ANSES sur l’étude Seralini « OGM et Roundup ».

Outre le fait que l’étude du professeur Seralini, (qui travaille, depuis des années, sur les pesticides perturbateurs endocriniens et leurs métabolites), ait été qualifiée d’« originale sans être  probante », nous avons eu la surprise de constater que seules deux études de longue durée « comparables » avaient été retenues par vos services : deux études sur des sojas GM ... aux conclusions favorables aux OGM.

Nous tenons donc à porter à votre connaissance, une étude qui, à notre avis,  aurait dû figurer dans la liste retenue par votre équipe. Il s’agit d’une étude qui a duré 10 ans (pas de problème de statistique dans ce cas), sous les auspices du CSIRO, le plus grand organisme de recherche publique australien, très pro-OM.  Cette étude visait à démontrer l’innocuité d’un pois GM, dans lequel on avait introduit un seul gène : celui d’un haricot résistant à l’insecte Bruchus Pisorum (étude publiée dans le Journal of Agricultural and Food Chemistry, et mentionnée dans le Courrier de l'Environnement de l'INRA de septembre 2007).

En novembre 2005, après 10 ans de recherche, l’étude a dû être interrompue : à chaque essai, les cobayes nourris avec ces pois GM présentaient une réponse immunitaire : augmentation des anticorps dans le sérum sanguin, suivie d’un état inflammatoire pulmonaire, problèmes dus à la modification des protéines. Cet état inflammatoire (pouvant effectivement dégénérer en cancer, mais aussi entraîner bien d’autres maladies dégénératives) est le problème de fond de tout OGM : il n’y a PAS  « D’ EQUIVALENCE  EN SUBSTANCE » entre une plante et une chimère génétique, de quelque manière qu’on l’obtienne.

Nous avons été très surpris de la sévérité de l’ANSES envers l’étude Seralini, alors que Monsanto se rit de vos convocations, et s’appuie sur ses études non expertisées pour faire avaler ses produits aux français. Voulez-vous vraiment que nos enfants soient condamnés à prendre des médicaments à vie, pour pouvoir supporter une nourriture à laquelle leur système immunitaire n’est pas adapté ?

Nous avons été bouleversés de vous entendre réclamer d’autres études longues (qui coûteraient à l’État français 25 millions d’euros par OGM). La France a-t-elle le temps et les moyens de tester chaque nouvelle excentricité commerciale à ce prix ? Où est l’urgence ? Où est la NÉCESSITÉ ?

Quand une firme ne daigne pas être auditionnée par vos services, pourquoi ne réagissez-vous pas immédiatement en disant « En France, pas de données, pas de marché » ? Et si les firmes veulent continuer à vous duper grâce à cette opacité, pourquoi ne préconisez-vous pas sur le champs le retrait des OGM de l’alimentation humaine et animale et le retrait des pesticides non testés dans la globalité de leur formule ?

Nous avons la chance d’être français et de pouvoir nous appuyer sur le Principe de Précaution qui a valeur  constitutionnelle. Il faut se servir de cet atout ! Vous êtes garant, vous êtes responsable.  En France, c’est vous qu’on écoute.

Qu’attendez-vous ? Est-ce le moment d’être lent et dispendieux alors qu’en face, on agit à toute vitesse pour vous couper l’herbe sous le pied ? Voyez la riposte immédiate de l’EFSA à votre demande « d’études plus poussées au cas par cas ». Phagocytée par les lobbies, l’EFSA est en train d’ériger le principe  d’ « équivalence en substance » en vérité première, globalisant tous les OGM. Il vous faut riposter sans tarder !

Idem pour les nanotechnologies : vous ne pouvez pas ignorer qu’une obligation de déclaration  à  « 50 % de nanoparticules mesurées entre 1 et 100 nm » est une mascarade. Quel battage pour rien ! Aucun produit ne sera concerné. Une feuille de papier aluminium recouverte de nanoparticules « de glisse » , « juste en surface », ne sera pas concernée, alors même qu’il y a contact alimentaire. Où est l’urgence à fabriquer de tels produits ? Quel Français veut risquer sa santé  pour éviter que  la mayonnaise de son sandwich  reste sur l’alu ? Un pansement doit-il être obligatoirement imprégné de nanoparticules d’argent ? Une avancée réelle aurait été d’exiger que tout industriel qui emploie des nanotechnologies déclare tous les produits qu'il utilise et les mentionne intégralement sur l’étiquette, afin de pouvoir identifier les problèmes quand ils se poseront.

A présent, devant cette mauvaise volonté des industriels et le flou scientifique concernant cette technologie, le manque d’instruments de mesure et de méthodologie, il n’y aurait rien d’aberrant à refuser cette technique sur le territoire français jusqu’à plus ample informé. On ne peut pas se permettre de n’avoir aucune traçabilité sur des substances composées à 45 % de particules de 95 nm, ou bien à 55 % de particules de 105 nm., certains effets toxiques étant documentés à 600 nm et plus.

Là encore donc, pas de pusillanimité : « Pas de données ? Pas de marché ». Les impératifs de sécurité sanitaire doivent conduire à ce que tout produit en recelant et non déclaré comme tel, trouvé en France, fasse l’objet d’une saisie. Les consommateurs qui achètent un produit sur internet devront obtenir un certificat « non nano ».. 

L’ANSES doit absolument penser BÉNÉFICE / RISQUE. Il faut être ferme. Ces technologies n’ont rien d’indispensable. Elles  sont lancées dans la précipitation et présentent trop de risques potentiels pour la santé et l’environnement, sur une trop grande échelle et surtout, surtout, le consommateur ne peut pas y échapper. Ces risques sont encore décuplés par leur irréversibilité. Vous devez mesurer votre responsabilité.

Les Etats-Unis se lancent tête baissée dans ce genre de buizeness lucratif à court terme ? Cessons de craindre l’effondrement économique de la France si nous ne faisons pas les mêmes erreurs qu’eux ! Au contraire, notre pays doit avoir la finesse et l'intelligence de prendre le contre-pied,  et de faire de son choix un atout économique majeur.  Devenons le pays des « Produits-Santé », préservés de la technoscience  au service des lobbies. Mettons tout le poids de notre « Recherche –Développement »  pour trouver des solutions saines.

Nous demandons donc à l’Agence que vous dirigez d’avoir du courage :                                                               

-  le courage de s’opposer aux lobbies
-  le courage de se baser sur le Principe de Précaution pour émettre ses avis
-  le courage de dire « En France, Pas de données, Pas de marché »
-  le courage de préconiser des axes de recherche-développement qui vont dans le sens des demandes des Français au sujet de leur santé et de la préservation de leur environnement.


En considération des graves enjeux de santé publique, il en va de la crédibilité et de la responsabilité de l'ANSES.

Bien cordialement,

Aline Read, directrice  CIEAS

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